GOURIO
Louis
Louis Gourio, fils du Capitaine d’Armement de la S.N.A des Voiliers Nantais, ancien Président d’Honneur de notre amicale, naquit à Saint Quay-Portrieux, le 15 mars 1898.
Après de bonnes études secondaires au Collège St Charles de St Brieuc, il débute par un stage sur le COLONEL VILLEBOIS MAREUIL. Il embarque le 30 mai 1913 sur l’EDOUARD DETAILLE, capitaine Thouin. Après 2 voyages et une navigation difficile pendant la guerre, le malheureux navire, lui non plus, ne devait pas échapper aux sous-marins allemands : le 25 sept 1917, il était coulé à 300 milles dans le SW de Ouessant, ce qui permit à notre camarade, le jeune Gourio, de faire connaissance pendant 8 jours avec la navigation en baleinière !
Après son service militaire, il est reçu lieutenant
au long cours et embarque en 1926 en cette qualité sur le P.L.M.17, capitaine
Ybert.
En 1927, il est reçu C.L.C. et avant de se consacrer
entièrement à la navigation active, il entre aux Ateliers et Chantiers que son
père avait installés à Brest et que Malbert et Ybert dirigeaient. Ce stage lui
permit de s’initier aux questions commerciales, de diriger les mises en cale
sèche et quand l’occasion s’en présentait, de participer aux sauvetages sur les
côtes dans l’entreprise que son Père avait créée qui s’appelait : Cie
Armoricaine de Sauvetage. Ainsi eut-il la satisfaction de sortir de situations
difficiles, les s/s St NICOLAS, GRONINGEN etc.
Le 7 avril 1928, Gourio allait consacrer
définitivement son activité au Long Cours dans la Compagnie de Navigation
d’Orbigny.
Embarqué premier lieutenant sur le STRABOIS, 4 mois
après le 9 août 1931, il passait second capitaine sur le même bateau, puis sur
le PAVON. Le 30 mars 1931, il est nommé commandant intérimaire sur PLATON, sur
SOLON. Le 16 avril 1932, il est nommé commandant à titre définitif et prend le
MYSON. Le 3 décembre 1938, il prend à West Hartlepar le commandement du FANZON.
Du 28 août 1939 au 17 juin 1940, Gourio fait 2
voyages sur le Rio de la Plata. C’est au cours de ce voyage que la chance favorisera
ce navire : naviguant en convoi ils aperçoivent le périscope d’un sous-marin à
400 mètres sur bâbord. Si le torpilleur SIROCC n’était pas intervenu, le FANZON
placé en dernière ligne recevait le coup de grâce. Trois jours plus tard, un
second sous-marin était coulé dans le Golfe, à bâbord du convoi. Le sister ship
ARIGON ne devait pas hélas ! échapper à son destin : il fut coulé par le
travers de Penmarch et 16 hommes disparurent. La navigation pendant l’Armistice
fut gênée par la morgue des Allemands et des Italiens.
Notre ami Gourio nous relate qu’à Marseille, il
reçut de l’Amirauté française quelques lettres sévères lui ordonnant de garder
son sang froid devant les commissions. Une mise en demeure lui fut adressée
après la visite d’un groupe italo-allemand. Notre camarade s’entretenant avec
l’Inspecteur des douanes, ne voulut voir dans les saluts de la dite commission
que des gestes clownesques et ne répondit pas. Son attitude fut qualifiée
d’incorrecte. Au voyage suivant, un Italien lui demanda sa licence
d’exportation d’armes, prétextant que sur le manifeste il avait remarqué à
destination du Maroc, une caisse de pistolets. On fit apporter au salon la
caisse, ensuite avec beaucoup de gravité notre camarade présenta, salué par un
formidable éclat de rire, un pistolet avec ficelle et bouchon. !!!. Notre
Italien furieux et confus, comme dans la fable, exigea une gomme pour effacer
le trait rouge qui signalait sur le manifeste le qualificatif : pistolet. Le
commandant Gourio rétorqua que lorsqu’un Français a reconnu et écrit quelque
chose, il ne l’efface jamais... !!! et ce fut une nouvelle lettre qui lui
parvint aussi élogieuse que les précédentes ! ! !
Le 8 novembre 1942, le FANZUN était à Casablanca,
amarré à 200 mètres du JEAN BART, principale cible des Américains.. Dés les
premières nuits, le FANZON est atteint dans la cale par un obus de 406, puis un
deuxième, 5 minutes après dans le poste arrière de l’équipage. Le navire
brûlait à l’avant et à l’arrière. Témoin de l’abandon des PORTHOS, LIPARI,
SAVOIE etc., qui allaient sombrer, notre ami conserve son équipage. Avec l’aide
des pompiers de la ville et de 2 remorqueurs spécialisés, il essaya de
circonscrire l’incendie. Dans l’après midi du 8 novembre 42, la cale chargée
d’alfa flambait. La coque rougeoyait. Le feu fut combattu par un trou foré dans
la coque un peu au-dessus de la ligne de flottaison, par lequel passaient 3
lances. L’obus de 406 avait traversé la cloison étanche et explosé dans un lot
de 1.500 tonnes d’avoine.
Le 10 novembre 42, une bombe de gros calibre,
destinée au JEAN BART tomba sur le quai à 1 mètre du FAUZON, dont la coque fut
littéralement enfoncée cependant que sur le port, tout était volatilisé.
L’ordre d’évacuation fut alors donné. Peu après, Gourio revint à bord, mais la mitraille
des avions était telle qu’il renonça à s’exposer davantage.
Notre camarade, pour sa belle conduite, fut décoré
de la Croix de Guerre avec Palmes.
En avril 1943, le FANZON reprenait sa navigation
sous contrôle anglais. Dirigé sur le canal de Bristol, il fut réparé et armé
convenablement.
Après la guerre notre ami prend le commandement d'un liberty ship et en mars 1947 celui du DIJON qu'il devait conserver jusqu'à la retraite
.
Ainsi Louis Gourio aura-t-il servi les intérêts de
la Cie d'Orbigny du 7 avril 1928 jusqu'au 27 août 1953, soit plus de 25 années
!