HERVE FRANCOIS
François Hervé, né à Pleudihen le 29 mars 1877, était l’un des 35 membres fondateurs de l’Amicale des Cap Horniers en 1937. Il en fut vice-présidentt.
J’embarquais, dit-il, sur la BOULONAISE, goélette de 150 tonneaux, en sortant du collège, à 18 ans, comme novice. Fait mon service militaire sur la MELPOMENE, après avoir obtenu mon diplôme d’élève de la Marine Marchande à St-Malo.
Embarqué sur la MEUSE comme matelot pour faire les voyages du Maroc, puis comme second sur le LOUISE en Méditerranée. Revenu au pays, embarqué sur le 3-mâts hôpital SAINT PAUL, après une courte escale au Havre, nous arrivons sur les lieux de pêche le 3 avril 1899, nous arraisonnons 4 goélettes. A 2 heures du matin, le 4 avril 1899, le navire talonnait sur les bancs, au sud de Portland par suite d’une erreur de route. Tout le monde fut sauvé !
J’embarquais ensuite sur le MITIDJA, comme second, pour faire les voyages d’Espagne à Nantes, puis mon ancien capitaine du SAINT PAUL Lacroix, m’offrit une place de 1er lieutenant sur le 3-mâts FRANCE-MARIE, faisant les voyages de Philadelphie à Marseille.
Je quittais ce service en 1900, pour embarquer sur le VESPAR, vapeur de la même Compagnie.
On m’offrit une place sur le SURCOUF, grand voilier de Nantes et j’abordais la grande et dangereuse navigation du Cap Horn. Partis de Nantes sur lest, nous cinglâmes vers New York, prîmes un chargement de pétrole pour Fusan en Corée où nous arrivâmes sans histoires par Bonne Espérance, en traversant toutes les Mers de Chine. Relevé ensuite sur le Puget Sound en passant par le Détroit de Hakodaté, à la moyenne de 200 milles par jour.
Je permutais pour embarquer sur le JEAN BARTqui fit une très belle traversée de 102 jours, ce fut mon premier passage du Cap Horn.
Passé l’examen de capitaine au long cours, avec succès, à Marseille en 1903.
Pris le commandement du 3-mâts pétrolier ALICE ISABELLE pendant 3 voyages.
Ensuite j’embarque sur GRANDE DUCHESSE OLGA de Nantes pour faire une campagne de 2 années autour du monde. La traversée de New York à Saigon, fut marquée par un violent cyclone dans le sud de Madagascar, le navire engagea et ne fut sauvé qu’en larguant toutes les chaînes d’écoutes, toutes les voiles partirent en lambeaux, resta seule l’artimon de cape. Le LA FAYETTEqui se trouvait dans les mêmes parages, fut perdu corps et biens. De Saigon, relevé sur lest pour Newcastle (Australie) en passant par le détroit de la Sonde, puis le détroit de Bass. Nous ne pûmes, comme je l’aurais désiré, passer entre les îles du Pacifique, tout particulièrement en vue de Tahiti la Délicieuse, chantée par Dumont d’Urville et par Loti. Il fallut faire le tour de Pomotou et remonter assez lentement vers San Francisco, où nous arrivâmes en 1905 avec un chargement de charbon. J’eus le bonheur de voir arriver ma chère compagne qui n’hésita pas à franchir, l’Atlantique sur le TOURAINE, puis toute l’Amérique du Nord par le Southern Pacific Railway. Relevé sur lest pour Tacoma et chargé du blé à destination de Queenstown à ordres. Nous rencontrâmes les glaces au Cap Horn.. Arrivé à Queenstown le 18 juin 1908, la campagne avait duré 2 ans jour pour jour.
J’ai commandé par la suite les grands voiliers METZLEY, HELENE BLUM, TOURAINE, NOTRE DAME D’ARVOR, RENE KERVILERS. J’ai doublé onze fois le Cap Horn et fait trois fois le tour du monde, comme le baryton des Cloches de Corneville !!!.En novembre 1906, nommé lieutenant de port à Cherbourg.
Il est décédé en mars 1949.