LE COQ   Félix

 

Il était l’un des 35 membres fondateurs de l’Amicale des Cap Horniers en mai 1937.

 

Félix Le Coq est né le 5 août 1879, à Saint Père Marc en Poulet, domicilié à Châteauneuf (I. et V.).

 

Totalité. 21 voyages du cap Horn, soit 42 passages à la voile : voyages du Chili.

4-mâts : WULFRAM PUGET ‘: 3 voyages : mousse et matelot léger, puis matelot.

3-mâts TIJUCA : 2 voyages de lieutenant du 2 mai 1901 au 7 janvier 1903.

4-mâts MARTHE : 1 voyage de second capitaine du 16 mars au 4 octobre 1903.

4-mâts CAP HORN : 3 voyages de second capitaine du 1er mars 1904 au 16 avril I907.

3-mâts CHILI : 2 voyages de capitaine du 31 mai 1907au 14 mai 1909.

4-mâts A.D.BORDES : 1 voyage de capitaine du 2 juillet 1909 au 5 mai 1910.

3-mâts GERS : 1 voyage de capitaine du 11octobre 1910 au 15 juillet 1911.

4-mâts A. D. BORDES : 2 voyages de capitaine de janvier 1912 à octobre 1913.

4-mâts ANTONIN : 4 voyages de capitaine de octobre 1913 à février 1917.

4-mâts NORD : 2 voyages de capitaine du 18 sept 1919 au 21 mars 1921.

soit 12 voyages de capitaine.

 

Il a commandé les vapeurs P.L..M.20, P.L.M. 24, P.L.M. 26, P.L.M. 14 du 26 septembre 1922 au 23 décembre 1924. Il a commandé le vapeur PISCO de la Maison Bordes du 6 janvier 1925 au 30 avril 1934.

Total de navigation : 354 mois et 4 jours

 

II commandait le 4-mâts ANTONIN lorsque ce navire a été coulé par le corsaire allemand SEE ADLER le 3 janvier 1917 à 8 heures du matin par 6°35’N et 38° W. L’équipage est resté prisonnier sur le SEE ADLER jusqu’au 21 mars 1917, puis transbordé sur le 3-mâts CAMBRONNE qui a relâché à Rio de Janeiro le 29 mars 1917. L’équipage au complet est rentré en France par le paquebot MALTE de la Cie des Chargeurs Réunis, qui est arrivé à Brest le 22 avril 1917.

 

CONTRIBUTION A L’HISTOIRE

DU TROIS-MÂTS CARRE SEE ADLER

 

Tous les Anciens de la voile connaissent l’histoire du capitaine Félix von Luckner et de son voilier corsaire SEE ADLER, camouflé sous le nom de HERO, battant pavillon norvégien et couvert par de faux documents de bord. C’était au cours de la guerre 1914- 1918.

 

Félix von Luckner, Louis Lacroix, Henri Picard, Ollivier, E. Allen, entre autres, ont fait le récit des exploits de ce dernier voilier corsaire. Parmi les 11 navires coulés entre le 9 janvier et le 11 mars 1917, soit 8 beaux voiliers et 3 navires à vapeur, il y avait le 4-mâts barque ANTONIN de la compagnie A. D. Bordes de Dunkerque, commandé par le Capitaine Félix Lecoq.

 

Deux jeunes cadets du navire école belge, l’AVENIR qui en étaient à leur 3ème voyage, ont eu le bonheur et le plaisir de recueillir quelques souvenirs inédits du capitaine Félix Lecoq dans les circonstances suivantes.

 

Vers la fin mai 1929, à Anvers, l’AVENIR était amarré tribord à quai, côté nord du petit bassin entre les 2 ponts basculants près desquels les usines Ford ont été construites. A l’avant de l’AVENIR, de l’autre côté du pont ouest était amarré un grand cargo à vapeur d’environ 12 à 14.000 tonnes de port en lourd, lège et provisoirement désarmé avec équipage réduit. C’était le PISCO de Dunkerque, appartenant à la célèbre Compagnie Bordes. Poussés par la curiosité, car ce navire complètement lège nous paraissait énorme, mon ami Willy et moi, tous deux de la 19ème promotion, sommes allés un samedi après midi demander l’autorisation de visiter le PISCO. Aimablement reçu par le capitaine Lecoq et piloté par lui, nous avons tout parcouru et tout visité à bord, surtout la passerelle.

 

Puis le capitaine Lecoq nous a interrogés au sujet de l’AVENIR qui lui rappelait beaucoup son cher ANTONIN, magnifique 4-mâts barque aussi. Il nous a invités à rester à bord et à partager le repas du soir, avec lui, madame Lecoq, leur fille et le chef mécanicien du bord. Puis il nous a conté avec chaleur ce que nous avons lu bien des années après dans les livres du capitaine Lacroix et dans celui du capitaine Von Luckner.

 

Il nous a raconté qu’étant un jour à quai à Pernambouc, avec ce même PISCO à bord duquel nous étions, c’était vers 1926 -1927, il regardait l’entrée au port du s/s CAP POLONIO, grand paquebot à 3 cheminées de la Deutsche Américanische Dampschiff Gesellschaft, qui allait devoir se mettre à quai à l’avant du PISCO. Sur chacune des 2 passerelles, à l’aide de jumelles, les pachas observent la scène, qui du navire manœuvrant pour accoster, qui des quais et de l’emplacement où il faudra s’amarrer.

 

Tout à coup, le Capitaine Lecoq s’aperçoit que quelqu’un lui fait de grands signes de la passerelle du CAP POLONIO. Il reprend ses jumelles et s’aperçoit qu’il s’agit du capitaine von Luckner qui l’avait reconnu le premier. Le paquebot amarré, le capitaine Lecoq s’en fut aussitôt à bord où il fut reçu avec force accolades au-dessus de la coupée par le Capitaine von Luckner qui jusqu’au lendemain matin, au départ de son navire pour le Sud, ne connut plus ses passagers. Les apéritifs furent pris à bord du PISCO, le repas du soir bien arrosé et suivi de solides libations eut lieu dans les appartements du CAP POLONIO. Le soleil était levé que les deux anciens capitaines de voiliers se promenaient toujours entre les deux coupées de leur navire !!

 

Ce fut une rencontre mémorable, nous dit le capitaine Lecoq, au cours de cette soirée à bord du PISCO, au port d’Anvers. On peut imaginer aisément les souvenirs évoqués à Pernanbouc entre ces deux hommes de même grande taille, forts et de stature imposante. Le capitaine Félix Lecoq est resté 47 jours prisonnier du capitaine Félix von Luckner, à bord du SEE ADLER sous les tropiques d’Atlantique Sud. Ces 2 Félix étaient des malins d’une souche peu commune.

 

Doleembreux, le 12 juin 1981.

Hubert Ronson, ancien de la 19ème promotion de l’AVENIR.